Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/413

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réussit, il est fort ressemblant et l’idée en plaît à chacun. Angélique a voulu aussi me peindre, mais sans succès. Elle est trèsfâchée que la ressemblance ne vienne pas. C’est toujours un joli compagnon, mais il n’y a pas trace de moi.

Rome, 30 juin 1787.

La grande fête de saint Pierre et saint Paul est enfin venue. Nous avons vu hier l’illumination de la coupole et le feu d’artifice du château. L’illumination est un spectacle fabuleux, étrange ; on n’en croit pas ses yeux. Comme je vois désormais les choses et non, comme autrefois, avec les choses et à leur occasion, ce qui n’y est pas, il me faut de ces grands spectacles pour me réjouir. J’en ai compté dans mon voyage une demi-douzaine, et ce !ui-li peut se ranger parmi les premiers. La belle forme de la colonnade, de l’église, et surtout de la coupole, présentant d’abord un cadre de feu, et, quand l’heure est passée, une masse enflammée, est unique et magnifique. Si l’on réfléchit que l’immense édifice ne sert dans ce moment que d’échafaudage, on comprendra aisément qu’il ne puisse exister rien de pareil dans le monde.

Le ciel était pur et serein, la lune brillait, et réduisait le feu des lampions à une agréable clarté ; mais enfin, tout s’étant embrasé par la seconde illumination, la clarté de la lune en fut éteinte. Le feu d’artifice est beau à cause de l’emplacement, mais il ne peut se comparer à l’illumination. Ce soir, nous verrons encore une fois l’un et l’autre.

Nous l’avons vu ; tout est fini. Le ciel était brillant et beau, la lune était pleine. La clarté de l’illumination en a été plus douce ; elle avait quelque chose de magique. C’est un grand et ravissant spectacle de voir comme dans un cadre de feu la belle forme de l’église et de la coupole.

Rome, fin de juin 1787.

Je me suis rendu dans une trop grande école pour que je puisse en sortir de sitôt. Il faut ici que je cultive à fond, que je mûrisse mes connaissances dans les arts, mes faibles talents ; autrement, je vous ramènerai un ami incomplet, et les désirs, les efforts, les démangeaisons, les langueurs, recommenceront sur nouveaux frais. Je n’aurais ja liais fini, s’il me fallait vous