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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/422

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Lundi, 30 juillet.

Je suis resté tout le jour chez moi, et j’ai travaillé. Egmont touche à sa fin ; le quatrième acte est comme achevé. Dès qu’il sera copié, je vous l’expédierai par la poste achevai. Quelle joie pour moi, si j’apprends de vous que vous donnez à cette œuvre quelque approbation ! Je retrouve toute ma jeunesse en écrivant ce drame. Puisse-t-il faire aussi sur le lecteur une impression nouvelle !

Hier au soir, il y avait dans le jardin derrière la maison un petit bal auquel nous étions aussi invités. Quoique cette saison ne soit pas celle de la danse, on était tout à fait joyeux. Les minois italiens ont leurs particularités. Il y a dix ans, quelquesuns nous auraient semblé passables : aujourd’hui cette veine est tarie, et cette petite fête m’a paru à peine assez intéressante pour me retenir jusqu’à la fin.

Les clairs de lune sont d’une incroyable beauté. D’abord, avant que la lune se soit dégagée des vapeurs, tout est jaune et chaud corne il sole (Tlnghilterra ; le reste de la nuit est calme et charmant. Un vent frais se lève et tout commence à vivre. Jusque vers le malin, il y a dans les rues des sociétés qui chantent et qui jouent. On entend quelquefois des duetti aussi beaux et plus beaux que dans un opéra ou un concert.

Mardi, 31 juillet.

J’ai jeté sur le papier quelques clairs de lune, puis je me suis livré à toutes sortes de bons exercices. Le soir, je me suis promené avec un compatriote, et nous avons disputé sur la prééminence de Michel-Ange et de Raphaël. Je tenais pour le premier et lui pour le second. Nous avons fini par célébrer tous deux les louanges de Léonard de Vinci. Combien je suis heureux que tous ces noms aient cessé d’être des noms pour moi 1 Combien je me félicite d’acquérir peu à peu des idées vivantes et complètes du mérite de ces hommes éminents ! Ce soir, j’ai été à l’Opéra-Comique. On joue un nouvel intermède l’Imprésario in angustie, qui est excellent et qui nous divertira plus d’un soir, si forte que soit la chaleur de la salle. Dans un quintette fort heureux, le poète lit sa pièce, l’imprésario et la prima