Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/427

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sorcières, dont je suis loin encore d’avoir trouvé une explication psychologique. Cette époque a fixé mon attention et m’a rendu suspect tout merveilleux…. Comment les sorcières me reviennent-elles à l’esprit à propos de magnétisme ? C’est par une association d’idées tirée d’assez loin, que je ne puis développer dans cette feuille.

Hier, après le coucher du soleil (la chaleur ne permet pas de sortir auparavant), je me rendis à la villa Borghèse. Que je t’ai souhaité auprès de moi ! J’ai trouvé d’abord quatre tableaux magnifiques, qu’il suffirait de copier, si l’on pouvait. Je veux à tout prix m’avancer dans le paysage et le dessin. Dans cette promenade, j’ai préparé l’achèvement d’Egmont. Quand je m’y mettrai, cela ira vite. Adieu ! pense à moi !

Rome, 11 août 1787.

Je resterai jusqu’à Pâques en Italie. Je ne puis maintenant m’échapper de l’école. Si je reste, j’irai sans doute assez loin pour faire plaisir à mes amis et à moi. Je ne cesserai pas de vous écrire ; mes ouvrages vous arriveront peu à peu : comme cela, je serai pour vous un absent vivant, tandis que vous vous êtes plaint souvent d’avoir en moi un présent mort. Egmont est achevé et pourra partir à la fin de ce mois. Après cela, j’attendrai avec angoisse votre jugement.

Pas un jour où je ne fasse des progrès dans la connaissance et la pratique de l’art. Comme une bouteille s’emplit aisément quand on la plonge ouverte dans l’eau, à Rome, il est facile de s’emplir, pourvu qu’on soit réceptif et préparé. L’élément artiste nous presse de toutes parts.

Je pouvais vous prédire ici le bel été que vous avez. Nous avons un ciel toujours le même, toujours pur, et, dans le milieu du jour, une chaleur effroyable, à laquelle j’échappe assez bien dans une salle fraîche. Je veux passer septembre et octobre à la campagne, et dessiner d’après nature. Peut-être retournerai-je à Naples, pour recevoir les leçons d’Hackert. J’ai plus profité en quinze jours passés avec lui à la campagne, que je n’aurais fait par moi-même pendant des années. Je ne t’envoie rien encore, et je tiens en réserve une douzaine de petites esquisses, afin de t’adresser d’un seul coup quelque chose de bon. Cette