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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome IX.djvu/504

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renonce à son droit de s’en retourner au moment et de la manière qu’il veut. Or, la promenade du carnaval ayant lieu dans la même rue et selon les mêmes règles, quoique la foule et d’autres circonstances apportent ici une grande différence, chacun maintient son droit de sortir de l’ordre à la nuit tombante.

Si nous considérons l’énorme presse du Corso, et si nous voyons de nouveau inondée de promeneurs la carrière qui n’a été évacuée qu’un moment, la raison et l’équité semblent prescrire que chaque équipage se borne à tâcher d’atteindre, sans quitter son rang, la ruelle la plus proche qui lui convient, et de regagner ainsi le logis : cependant, aussitôt que les détonations ont donné le signal, quelques voitures prennent le milieu, portent le trouble parmi les piétons qu’elles arrêtent, et, un équipage voulant remonter, un autre descendre dans l’étroit espace intermédiaire, ils ne peuvent bouger de place, et arrêtent souvent la marche des voitures qui sont restées sagement dans la iile. Si un cheval qui revient de la course rencontre un pareil nœud, le danger, la souffrance et l’embarras augmentent de toutes parts.

Et pourtant tout cet embarras se démêle enfln, un peu tard, mais d’ordinaire heureusement. La nuit est arrivée, et tout le monde se félicite de pouvoir prendre un peu de repos.

Chacun ôte son masque dès ce moment, et une grande partie du public court au théâtre. On voit encore dans les loges des tabarri et des dames déguisées, mais sans masque ; tout le parterre se montre de nouveau en habits bourgeois.

Les théâtres Aliberti et Argentina donnent des opéras sérieux mêlés de ballets ; à la Valle et à la Capranica, on joue des comédies et des tragédies avec des opéras-comiques pour intermèdes ; la Pace les imite, mais imparfaitement ; enfin, en descendant jusqu’à Polichinelle et aux danseurs de corde, il se trouve encore plusieurs spectacles subordonnés. Le grand théâtre de Tordenone, qui fut un jour consumé par le feu, et qui, à peine rebâti, s’écroula tout à coup, n’amuse plus le peuple avec ses pièces à grand fracas et ses autres merveilleuses exhibitions.

Les Romains aiment passionnément le théâtre, et autrefois