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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/107

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Brun toutes les satisfactions qu’il exigera. Si je ne tiens pas ma parole, je veux ne plus porter l’épée ; j’en fais le serment solennel. »

ïTt le roi ordonne que le conseil s’assemble, délibère et fixe sur-le-champ la peine de ces attentats. Tous furent d’avis que, si tel était le bon plaisir du roi, Reineke fût cité de nouveau, qu’il eût à comparaître, pour soutenir son droit contre la plainte et la réclamation. Hinze, le chat, pourrait porter le message à Reineke, parce qu’il était habile et prudent. Tel fut l’avis unanime.

Alors le roi rassembla autour de lui ses fidèles et il dit à Hinze :

c Rappelez-vous bien la volonté des seigneurs. Si Reineke se fait assigner une troisième fois, ce sera pour l’éternel dommage de lui-même et de toute sa race. S’il est sage, il viendra sans tarder. Faites-lui bien sa leçon. Il méprise les autres, mais il écoutera vos conseils. »

Le chat répondit :

« Que ce soit pour le gain ou le dommage, quand j’arriverai chez lui, comment devrai-je m’y prendre ? Faites ou ne faites pas, je m’en rapporte à vous, mais je serais d’avis qu’il vaudrait mieux envoyer tout autre que moi, car je suis bien petit. Brun, l’ours, est grand et fort, et il n’a pu le contraindre : de quelle manière en viendrai-je à bout ? Oh ! veuillez m’excuser.

— Vous ne me persuadez point, répondit le roi : on trouve maint petit homme plein d’une ruse et d’une sagesse étrangères à bien des grands. Sans avoir une taille de géant, vous êtes néanmoins savant et sage. »

Le chat obéit en disant :

« Que votre volonté soit faite ! Si je puis voir en chemin un signe à main droite, mon voyage réussira. »