Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome V.djvu/211

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rante parents, qui mettaient en lui leur honneur et leur joie. 11 s’avançait le premier, comme un seigneur ; les autres le suivaient. Il se montrait de joyeux courage ; sa queue s’était élargie. Il avait gagné la faveur du roi ; il était rentré au conseil, et songeait à la manière d’en tirer avantage. <* Ceux que j’aime s’en trouveront bien et mes amis en profiteront, se disait-il : la sagesse est plus à respecter que l’or. »

Accompagné de tous ses amis, il prit donc la route de Maupertuis, le château. Il témoigna sa reconnaissance à tous ceux qui l’avaient favorisé, qui étaient demeurés à ses côtés dans les temps difficiles. Il leur ofl’rit ses services à son tour. Ils le quittèrent, et chacun rejoignit sa famille ; et lui, il trouva, dans sa demeure, sa femme Ermeline. Elle le salua avec joie ; elle lui demanda des nouvelles de sa fâcheuse affaire, et comment il avait encore échappé. Reineke répondit :

" Eh bien, j’ai réussi ! J’ai regagné la faveur du roi. J’assisterai au conseil comme autrefois, et cela tournera à l’honneur de toute notre race. 11 m’a nommé, devant tout le monde, chancelier du royaume, et m’a remis le sceau. Tout ce que Reineke fera et écrira sera, pour toujours, bien fait et bien écrit. Que chacun en garde mémoire.

« J’ai fait au loup sa leçon en quelques minutes, et il ne m’accusera plus. Il est éborgné, blessé, et toute sa race couverted’opprobre. Je l’ai marqué. Il ne sera désormais guère utile au monde. Nous avons combattu et je l’ai vaincu. 11 aura même de la peine à se guérir. Eh ! que m’importe ? Je demeure son supérieur, comme celui de tous ses amis et ses partisans, a

La femme de Reineke éprouva beaucoup de joie. Leurs deux petits garçons sentirent aussi croître leur courage, en voyant l’élévation de leur père. Ils se disaient l’un à l’autre, gaiement :

« Nous allons passer d’heureux jours, hononés de tout le monde. Cependant nous songerons à fortifier notre château et à mener une vie joyeuse et tranquille. »

Reineke est maintenant très-honoré. Que chacun se convertisse promptement ;i la sagesse, évite le mal, honore la vertu ! C’est le sens de l’ouvrage, dans lequel le poète a mêlé la fable avec la vérité, afin que vous puissiez distinguer le mal du bien