à l’autre, demeure un ménage de bonnes vieilles gens : dépose dans l’un et l’autre lieu une petite somme d’argent. On donnera, non à celui qui entre dans le village, mais à celui qui en sort ; et, comme les deux maisons sont au bord des chemins qui mènent au château, tous ceux qui voudraient s’y acheminer seront adressés à ces deux endroits.
— Viens, dit Édouard, mettons sur-le-champ la chose à exécution ; nous pourrons revenir plus tard aux détails. »
Ils allèrent chez l’aubergiste et chez les vieux époux, et la chose fut faite.
« Je vois bien, dit Édouard au capitaine, en remontant avec lui au château, je vois bien que, dans le monde, tout dépend d’une judicieuse pensée et d’une ferme résolution. Ainsi, tu as parfaitement jugé les travaux de ma femme dans le parc, et tu m’as suggéré de meilleures idées, dont je lui ai fait part aussitôt, pour ne rien te dissimuler.
— Je m’en suis douté, mais je ne puis t’approuver. Tu l’as déconcertée ; elle laisse tout en suspens, et, sur ce point, elle a de l’humeur contre nous, car elle évite d’en parler et ne nous mène plus à la cabane de mousse, bien qu’elle y monte avec Ottilie quand elles sont seules.
— Nous ne devons point nous décourager pour cela, reprit Édouard. Quand je suis persuadé qu’une chose est bonne, qu’elle pourrait et qu’elle devrait se faire, je n’ai point de repos que je ne la voie faite. Nous saurons bien, j’espère, amener doucement la chose. Prenons pour amusements de la soirée les descriptions de parcs anglais, accompagnées de gravures ; ensuite nous produirons ton plan du domaine ; nous traiterons d’abord l’affaire sous forme de problème, et comme un simple badinage : elle deviendra bientôt une chose sérieuse. »
Après s’être ainsi concertés, ils ouvrirent les livres où l’on voyait chaque fois le plan de la contrée et son aspect champêtre, dans son état de nature primitive et sauvage ; puis, sur d’autres feuillets, les changements que l’art y avait apportés, pour mettre à profit et faire valoir les avantages existants. De là il était bien facile d’en venir à leur propre domaine, à leurs propres environs et aux embellissements dont ils étaient susceptibles.
Prendre pour base le plan tracé par le capitaine, était dès
