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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/119

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Chapitre X

Quand la société voulut retourner à la ville, on chercha des yeux l’étranger, mais il avait disparu, et l’on ne put le retrouver.

«  Ce n’est pas aimable, dit Mme Mélina, de la part d’un homme, qui annonce d’ailleurs tant de savoir-vivre, de quitter, sans prendre congé, une société qui lui a fait un si bon accueil.

— Pendant tout le temps qu’il a passé avec nous, dit Laërtes, j’ai cherché à me rappeler où je puis avoir vu cet homme singulier, et je me proposais justement de le questionner là-dessus au moment de le quitter.

— Mon impression a été la même, dit Wilhelm, et je ne l’aurais pas laissé partir, avant qu’il nous eût fait quelques révélations. Je me trompe fort, si je ne lui ai pas déjà parlé quelque part.

— Et vous pourriez bien vous tromper, dit Philine. Ce personnage a le faux air d’une ancienne connaissance, uniquement parce qu’il ressemble à un homme, et non pas à un Jean ou un Paul.

— Qu’est-ce à dire ? reprit Laërtes ; est-ce que nous ne ressemblons pas aussi à des hommes ?

— Je sais ce que je dis, répliqua Philine, et, si vous ne me comprenez pas, n’en parlons plus. Je ne prétends pas être réduite à interpréter mes paroles. »

Deux voitures étaient prêtes. On en fit compliment à Laërtes, qui les avait commandées. Philine prit place à côté de Mme Mélina, en face de Wilhelm, et les autres s’arrangèrent du mieux qu’ils purent. Laërtes monta le cheval de Wilhelm, qu’on avait aussi amené.