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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/165

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Chapitre VII

Excité par l’intérêt sincère que les dames prenaient à la chose, il voyait son plan, dont il s’était rendu l’idée plus présente par l’exposition qu’il en avait faite, s’animer tout entier devant lui. Il passa la plus grande partie de la nuit, et le jour suivant, à versifier, avec le plus grand soin, le dialogue et les chants.

Il avait presque achevé, lorsqu’il fut appelé au château, où le comte, qui déjeunait en ce moment, voulait lui parler.

Comme il entrait, la baronne vint au-devant de lui, et, sous prétexte de lui souhaiter le bonjour, elle lui souffla ces mots :

«  Ne parlez de votre pièce qu’autant qu’il faudra pour répondre aux questions qui vous seront faites.

— A ce que j’apprends, lui dit le comte, en élevant la voix, vous êtes fort occupé, et vous travaillez au prologue que je veux donner en l’honneur du prince. J’approuve que vous y fassiez paraître une Minerve, et je me demande dès à présent comment nous devrons habiller la déesse, afin de ne point pécher contre le costume : c’est pourquoi je fais apporter de ma bibliothèque tous les livres où se trouve la figure de Minerve. »

Au même instant, quelques domestiques entrèrent, avec de grands paniers pleins de livres de tout format : Montfaucon, les recueils de statues, de pierres et de monnaies antiques, toute espèce d’ouvrages mythologiques, furent ouverts et les figures comparées. Mais ce n’était pas encore assez. L’excellente mémoire du comte lui rappela toutes les Minerves qui pouvaient figurer dans les frontispices, les vignettes et autres ornements. Tous ces volumes durent être apportés l’un après l’autre de la