Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DE W1LHELM MEISTER. 227

CHAPITRE XI.

La guérison faisait des progrès rapides. Wilhelm espérait pouvoir se mettre en chemin dans peu de jours. Il ne voulait plus mener à l’aventure une vie indolente ; une marche calculée devait régler désormais sa carrière. Il voulait d’abord chercher les secourables seigneurs, afin de leur témoigner sa reconnaissance ensuite il se hâterait de rejoindre le directeur, son ami, afin de pourvoir de son mieux aux intérêts des malheureux comédiens il verrait en même temps les correspondants auxquels il était adressé, et il traiterait les affaires dont il était chargé. Il se flattait que la fortune le seconderait à l’avenir comme auparavant, et lui fournirait l’occasion de réparer ses pertes par quelque heureuse opération de commerce, et de combler le vide qui s’était fait dans sa caisse.

Son désir de revoir sa libératrice croissait de jour en jour. Pour fixer son itinéraire, il consulta le pasteur, qui avait de grandes connaissances en géographie et en statistique, et qui possédait une belle collection de livres et de cartes. On chercha le lieu que les nobles voyageurs avaient choisi pour leur résidence pendant la guerre ; on chercha des renseignements sur euxmêmes mais le lieu ne se trouvait dans aucune géographie, dans aucune carte, et les manuels de généalogie ne disaient rien de la famille.

Wilhelm prit de l’inquiétude, et, comme il laissait paraître du chagrin, le joueur de harpe lui fit entendre qu’il avait lieu de croire que, par un motif quelconque, le chasseur lui avait caché le véritable nom.

Mais notre ami, se croyant dans le voisinage de la belle dame, espéra en recueillir quelques nouvelles, s’il envoyait le joueur