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DE WILHELM MEISTER. 229

ces apparitions se transformaient mutuellement, sans qu’il fût capable de fixer à part l’une ou l’autre dans son esprit. Aussi, combien ne dut-il pas être surpris, en voyant la ressemblance de leur écriture ! Il conservait dans son portefeuille une charmante poésie écrite de la main de la comtesse, et il avait trouvé dans le manteau un petit billet, par lequel on s’informait, avec un soin fort tendre, de la santé d’un oncle. Wilhelm était persuadé que sa libératrice avait écrit ce billet pendant le voyage, qu’elle l’avait envoyé, dans une auberge, d’une chambre à une autre, et que l’oncle l’avait serré dans sa poche.Wilhelm confrontait les deux écritures, et, si les gracieux caractères tracés par la main de la comtesse l’avaient jusqu’alors enchanté, il trouvait dans les traits pareils, mais plus libres, de l’inconnue, une admirable et facile harmonie. Le billet était insignifiant, mais les caractères semblaient exalter notre ami, comme avait fait la présence de cette belle.

Il tomba dans une rêveuse langueur, à laquelle répondaient parfaitement les strophes que Mignon et le joueur de harpe chantèrent en ce moment avec la plus tendre expression « Celui qui connaît la langueur dira seul ce que je souffre. Isolée, étrangère à toute joie, je regarde au firmament, de ce côté là-bas.

« Hélas ! celui qui me connaît et qui m’aime est loin de moi. Le vertige me prend, un feu me dévore le sein. Celui qui connaît la langueur dira seul ce que je souffre.

CHAPITRE XII.

Les doux appels de l’ange gardien, au lieu d’ouvrir a notre ami quelque chemin, ne faisaient que nourrir et redoubler l’inquiétude qu’il avait sentie jusqu’alors, Une ardeur secrète cjr~