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])E WILHELM MRIST~R. 231

chaleur et l’exaltation du moment ; tantôt il revenait à sentir que l’offre bienveillante de sa main, que personne n’avait daigné accepter, n’était qu’une frivole formalité, auprès du vœu que son cœur avait fait. Il songeait aux moyens d’être utile et secourable à ces malheureux, et trouvait qu’il avait tout sujet de hâter sa visite à Serlo. Il fit ses paquets, et, sans attendre sa complète guérison, sans écouter les conseils du pasteur et du chirurgien, prenant avec lui Mignon et le joueur de harpe, son escorte bizarre, il se hâta de fuir l’oisiveté, dans laquelle sa destinée l’avait de nouveau retenu trop longtemps.

CHAPITRE XIII.

Serlo le reçut à bras ouverts, et s’écria, en courant à lui « Est-ce bien vous ? Oui, je vous reconnais vous êtes peu changé, ou plutôt vous ctes toujours le même. Votre passion pour le plus noble des arts est-elle toujours aussi forte, aussi vive ? Je suis ravi de votre arrivée, et je ne sens plus la défiance que vos dernières lettres m’avaient inspirée. »

Wilhelm, étonne, demanda une explication.

« Vous n’avez pas agi avec moi, reprit Serlo, comme avec un ancien ami vous m’avez traite comme un grand seigneur, à qui l’on peut recommander sans scrupule des gens ineptes. Notre sort dépend des dispositions du public, et je crains que votre M. Mélina et son monde n’aient de la peine à trouver ici un accueil favorable. »

Wilhelm voulut dire quelques mots en leur faveur, mais Serlo se mit à faire de ces gens une description si impitoyable, que notre ami fut très-heureux de voir la conversation interrompue par l’arrivée d’une dame, que Serlo lui présenta. C’était sa sœur Aurélie. Elle fit à Wilheim le plus aimable accueil, et