414 LES ANNÉES D’APPRENTISSAGE
Je me rappelle fort bien, répondit Jarno, la lettre que vous m’envoyâtes encore d’outre-mer. Vous me disiez « Je re« tournerai, et, dans ma maison, dans mon verger, au milieu des miens, je dirai Ici CM nulle part ~Mten~Me o Oui, mon ami, et je le redis encore, et pourtant je me reproche d’être ici moins actif que là-bas. Pour rester dans une situation fixe, égale, uniforme, il ne faut que de la raison, et nous parvenons en effet à être raisonnables, si bien que nous ne voyons plus les sacrifices extraordinaires que chacun de ces jours monotones réclame de nous, ou, si nous les voyons, nous trouvons mille excuses pour ne pas les faire. Un homme raisonnable est beaucoup pour lui-même c’est peu de chose pour le genre humain.
Ne disons pas trop de mal de la raison, reprit Jarno, et reconnaissons que l’extraordinaire est le plus souvent déraisonnable.
Oui, sans doute, parce que les hommes font les choses extraordinaires extra ordinem. Mon beau-frère, par exemple, donne à la communauté des frères moraves tout ce qu’il peut aliéner de sa fortune, et croit assurer par là le salut de son âme. S’il avait sacrifié une faible partie de ses revenus, il aurait pu rendre heureux beaucoup de gens, et faire, pour lui et pour eux, de cette terre un paradis. Rarement l’activité accompagne le sacrifice nous renonçons sur-le-champ à ce que nous abandonnons. Ce n’est pas avec résolution, c’est avec désespoir que nous renonçons à nos biens. Depuis quelques jours, je l’avoue, j’ai sans cesse le comte devant les yeux, et je suis fermement résolu à faire par conviction ce qu’il a fait sous l’impulsion d’une inquiète folie. Je ne veux pas attendre ma guérison. Voici les papiers ; il ne reste plus qu’à les mettre au net. Prenez les avis du bailli notre hôte ne nous refusera pas les siens, Vous savez aussi bien que moi mes intentions que je vive ou que je meure, je n’y veux rien changer et je veux dire Ici ou nuHc part la commMttaute Mtomre
Quand Lydie entendit son amant parler de la mort, elle se prosterna devant son lit, se jeta dans ses bras et versa des larmes amères. Le chirurgien entra ; Jarno remit les papiers à Wilhelm et obligea Lydie de s’éloigner.