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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VI.djvu/428

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424 LES ANNEES D’APPRENTISSAGE

« Excusez-moi, lui dit-elle, de vous loger dans une chambre que l’odeur du vernis rend désagréable encore ma petite maison vient d’être achevée, et vous étrennez cette chambrette, qui est destinée à mes hôtes. Que n’ètes-vous venu dans une plus heureuse occasion ! La pauvre Lydie ne nous laissera pas un bon jour, et, en général, il faudra vous contenter de peu. Ma cuisinière vient malheureusement de me quitter ; un de mes domestiques s’est blessé a la main. Il faudrait que je fisse tout moi-même, et, après tout, si l’on s’arrangeait pour cela, les choses iraient encore. Les domestiques sont le plus grand tourment de la vie personne ne veut servir, que dis-je ? ne veut se servir soi-même.

Thérèse discourut encore sur divers sujets en général, elle paraissait aimer à parler. Wilhelm demanda des nouvelles de Lydie ; ne pourrait-il la voir et s’excuser auprès d’elle ? « Pour le moment, ce serait peine perdue, répondit Thérèse. Le temps excuse, comme il console. Pour l’un et l’autre objet, les paroles ont peu de vertu. Lydie ne veut pas vous voir. t Qu’il ne se montre pas devant mes yeux » s’est-elle écriée, quand je l’ai quittée. Je pourrais désespérer de l’humanité ! <[ Un si noble visage, des manières si franches et une pareille « perfidie ! Elle excuse tout à fait Lothaire, qui lui dit d’ailleurs dans une lettre « Mes amis m’ont persuadé mes amis q m’ont forcé. » Lydie vous met dans le nombre et vous maudit avec les .autres.

Elle me fait trop d’honneur, répondit Wilhelm je ne puis prétendre encore à l’amitié de cet excellent homme, et n’ai été cette fois qu’un innocent instrument. Je ne veux pas vanter mon action il suffit que j’aie pu la faire. 11 s’agissait de la santé, de la vie d’un homme qui m’inspire une plus haute estime que tout ce que j’ai connu jusqu’à ce jour. Quel caractère, mademoiselle Et quels hommes que ceux qui l’entourent C’est dans leur société, je puis le dire, que j’ai su, pour la première fois, ce que c’est que la conversation pour la première fois, le sens le plus intime de mes paroles m’est revenu de la bouche d’autrui, plus riche, plus complet et plus étendu ce que j’avais pressenti devenait clair :t mes yeux ; mes opinions arrivaient à l’évidence. Malheureusement cette jouissance a été troublée, d’a