sein avec une ardeur qui passe les bornes de la bienséance : il s’ensuit d’abord des bouderies et des querelles ; puis une rupture ouverte vient mettre fin irrévocablement à toute la liaison.
Quand les fautes des enfants ont de fâcheuses suites, il ne reste plus à la tendresse paternelle qu’à les déplorer et les réparer, s’il est possible, et à les pardonner et les oublier, si elles n’ont pas des conséquences aussi graves que l’on devait s’y attendre. Après quelques réflexions et quelques pourparlers, Flavio fut envoyé, pour soigner certaines affaires à la place de son père, dans les domaines dont il s’était chargé ; il devait y séjourner jusqu’à l’expiration de son congé, et de là rejoindre son régiment, qui, dans l’intervalle, avait changé de garnison.
Le major en eut pour plusieurs jours à ouvrir les paquets et les lettres, qui, pendant sa longue absence, s’étaient amoncelés chez sa sœur. Il trouva entre autres une lettre de son ingénieux ami, l’acteur bien conservé, qui, ayant appris, par le valet de chambre congédié, la situation du major et son projet de mariage, lui représentait agréablement les conséquences fâcheuses que l’on devait avoir devant les yeux dans une pareille entreprise ; il traitait l’affaire à sa manière, et faisait entendre à son ami que, pour un homme d’un certain âge, le plus sûr cosmétique était de renoncer au beau sexe et de vivre dans une louable et douée liberté. Le major montra en souriant la lettre à sa sœur, faisant une allusion badine, mais au fond assez sérieuse, à l’importance du contenu. Il s’était souvenu, dans l’entrefaite, d’une poésie, dont la forme rhythmique ne nous revient pas à la mémoire en ce moment, et qui se distinguait par d’élégantes images et par un tour agréable.
« La lune tardive, qui brille encore dans la nuit, pâlit en face du soleil levant ; l’illusion amoureuse du vieil âge s’évanouit en présence de la vive jeunesse ; le sapin qui, pendant l’hiver, semble frais et vigoureux, offre, quand vient le printemps, un aspect noir et sombre au milieu des bouleaux verdoyants. »
Nous ne voulons cependant célébrer ici ni la philosophie ni la poésie comme les auxiliaires décisifs d’une résolution définitive : car, s’il est vrai qu’un petit év énement peut avoir les suites les plus importantes, souvent aussi, quand les sentiments sont incertains, il détermine la balance à pencher d’un côté ou de