Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/260

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Mais, lorsqu’ils furent environnés d’une profonde nuit, le mot de l’énigme lui fut révélé : il vit scintiller de mille vallons et fondrières de petites flammes vacillantes, qui serpentaient en longs filets et se roulaient par-dessus les cimes des montagnes. Bien plus agréable que l’éruption d’un volcan, avec ses flammes tonnantes, qui menacent de détruire des provinces entières, ce phénomène devint cependant par degrés plus éclatant, plus vaste et plus intense ; il étincelait comme un fleuve d’étoiles, et se répandait avec douceur, avec grâce, mais pourtant avec hardiesse, sur toute la contrée.

Après que le guide eut joui quelque temps de la surprise du voyageur (car ils pouvaient fort bien s’observer l’un l’autre ; leurs visages et leurs personnes se dessinaient, illuminées, comme leur chemin, par ces clartés lointaines), il prit la parole en ces termes :

« Vous voyez assurément un étrange spectacle : ces lumières, qui, durant toute l’année, brillent et agissent sous terre jour et nuit, et favorisent l’exploitation de trésors cachés, à peine accessibles, ruissellent et flottent maintenant hors de leurs abîmes, et prêtent à la nuit la splendeur du jour. Il est rare d’assister à une revue aussi satisfaisante, où l’œuvre }a plus utile, dispersée sous la terre, dérobée aux regards, se montre à nous dans toute sa richesse’, et nous révèle une grande et secrète harmonie. »

Ces entretiens et ces réflexions les avaient amenés jusqu’au lieu où les ruisseaux de feu se déployaient en un lac enflammé, autour d’une ile brillamment éclairée. Déjà le voyageur se trouvait dans le cercle éblouissant, où des milliers de torches scintillantes formaient un mystérieux contraste avec les porteurs, rangés au pied de roches noires, qui formaient le fond du tableau. Tout à coup éclata une joyeuse musique, avec des chants harmonieux. Des masses de rochers creux s’avancèrent à force de machines, et offrirent bientôt à l’œil du spectateur charmé une salle étincelante. Il y eut des représentations mimiques, et tout ce qui peut réjouir la foule dans un pareil moment se réunit pour exciter et satisfaire à la fois l’attention de la joyeuse assemblée.

Mais quel ne fut pas l’étonnement de notre voyageur, lorsqu’il se vit présenter aux chefs, et qu’il reconnut dans leur