Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/343

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trouvais, à côté de ma belle, dans une forêt de gazon. La joie de se revoir, après une courte mais étrange séparation, ou, si vous aimez mieux, de se rejoindre sans avoir été séparés, surpasse toute idée. Je lui sautai au cou, elle répondit à mes caresses, et le petit couple ne se sentit pas moins heureux que le grand.

Nous montâmes ensuite, avec quelque difficulté, une colline, car la prairie était devenue pour nous une forêt presque impénétrable. Cependant nous parvînmes enfin à une clairière, et quel ne fut pas mon étonnement, d’y voir une grande masse régulière que je dus bientôt reconnaître pour la cassette, dans la situation où je l’avais placée.

« Avance, «ion ami, me dit ma bien-aimée, heurte avec l’anneau ; tu verras des merveilles. »

J’avançai, et j’avais à peine heurté, que je vis en effet la plus grande merveille. Deux ailes de bâtiment se déployèrent, et en même temps il tomba comme des écailles et des planures, si bien que les portes, les fenêtres, les colonnades, et tout ce qui compose un véritable palais, parut aussitôt à mes yeux.

Si vous avez vu un de ces ingénieux secrétaires, où, d’un seul coup, l’on met en mouvement de nombreux ressorts ; où le pupitre, l’écritoire, la case aux lettres et celle de l’argent, se déploient à la fois ou dans une succession rapide, vous pourrez vous figurer comme se développa le palais dans lequel ma douce compagne me fit entrer. Je reconnus aussitôt, dans le grand salon, la cheminée que j’avais auparavant aperçue d’en haut, et le fauteuil où la belle s’était assise. En levant les yeux, je crus apercevoir en effet quelque trace de l’ouverture qui s’était faite à la coupole, et par laquelle mes regards avaient pénétré. Je vous épargne la description du reste ; il suffira de dire que tout était spacieux, magnifique et plein de goût. A peine étais-je revenu de ma surprise, que j’entendis de loin une musique militaire : ma belle moitié tressaillit de joie, et m’annonça, avec ravissement, l’arrivée de son auguste père. Nous nous avançâmes sur le seuil de la porte, et nous vîmes une troupe brillante sortir d’une large fente de rodiers. Des soldats, des domestiques, des officiers et une cour magnifique marchaient à la file. Enfin on aperçut une troupe dorée, et, dans ses rangs le roi lui-même. Quand tout le cortége fut rangé devant le pa-