Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/378

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venir par degrés plus sévères : nos punitions consistent d’abord à séquestrer de la société civile, d’une manière plus ou moins absolue, plus ou moins durable, selon les cas. Quand la fortune des citoyens sera insensiblement augmentée, on leur en retranchera aussi, à titre de peines, une part plus ou moins grande, selon qu’ils l’auront mérité.

« On a donné connaissance de ces choses à tous les membres, et, dans un examen auquel on a procédé, on a trouvé que chacun fait sur lui-même la plus judicieuse application des points principaux. L’essentiel est que nous emportions sur l’autre bord les avantages de la civilisation, et que nous en laissions derrière nous les abus. Nous ne souffrirons chez nous ni débits d’eau-de-vie ni cabinets de lecture ; mais, quant aux règlements que nous établirons à l’égard des bouteilles et des livres, j’aime mieux ne pas m’en expliquer : ce sont là des choses qu’on ne peut juger qu’après qu’elles sont faites. »

Par la même raison, celui qui rassemble et rédige ces documents ne dira rien d’autres ordonnances, que la société discute encore, et que peut-être on ne jugera pas convenable d’essayer dans le nouvel-établissement, loin que l’on osât se promettre de les voir approuver, si on les exposait ici avec détail.


CHAPITRE XII.

Le jour où Odoardo devait présenter sa proposition était arrivé, et, quand l’assemblée fut réunie et silencieuse, il prononça le discours suivant :

« L’œuvre importante pour laquelle je dois inviter ces hommes laborieux à’prêter leur concours ne vous est pas entièrement inconnue, car je m’en suis déj’i expliqué avec vous d’une manière générale. Je vous ai fait considérer qu’il existe dans l’an-