Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/414

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Cependant admirons ici quelle était, avec la plus grande diversité, la ressemblance de l’un et de l’autre cas. L’un de ces deux amis, pour ne pas devenir un Timon, s’était enseveli dans les plus profonds abîmes de la terre, et là, il s’était encore aperçu qu’il y a dans la nature humaine quelque chose d’analogue aux corps les plus bruts et les plus durs ; l’autre, en revanche, trouvait dans l’esprit de Macarie la preuve que, tout comme ailleurs les objets prochains, ici, les objets éloignés étaient accessibles aux natures bien douées ; qu’on n’avait nullement besoin de pénétrer jusqu’au centre de la terre, ni de se transporter au delà des bornes de notre sjstème solaire, mais qu’on était déjà suffisamment occupé et rendu particulièrement attentif à l’action, et appelé vers elle. Sur le sol et dans le sol, on trouve ce qui est nécessaire aux plus indispensables besoins terrestres, un monde de matériaux offert aux plus hautes facultés de l’homme pour être exploités ; mais, sur l’autre voie, la voie spirituelle, se trouvent constamment la sympathie, l’amour, l’activité libre et réglée : faire agir ces deux mondes l’un sur l’autre, manifester, dans le court passage de la vie, leurs qualités réciproques, c’est le plus haut degré de perfection auquel la créature humaine puisse atteindre.

Après ces confidences mutuelles, les deux amis conclurent une alliance, et, à tout événement, formèrent le projet de ne pas tenir leurs expériences secrètes, parce que l’homme que peutêtre elles feraient sourire, comme une fable bien placée dans un roman, devrait du moins les considérer comme un emblème du souverain bien.

Montan partit bientôt après avec Lydie et Philine. On aurait voulu pouvoir le retenir encore, ainsi que Lydie ; mais la pétulante Philine fatiguait des femmes accoutumées à l’ordre et au repos, et surtout la noble Angéla, dont l’inquiétude tenait d’ailleurs à d’autres causes.

Nous avons déjà fait observer qu’elle n’était plus, comme autrefois, attentive et soigneuse de prendre des notes, mais qu’elle paraissait occupée d’autre chose. Pour expliquer cette anomalie chez une personne si dévouée à l’ordre, et qui déployait son activité dans une sphère si pure, nous sommes obligé d’introduire un nouveau personnage dans ce drame déjà si complexe,