Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/54

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CHAPITRE V.


En se rendant au château, notre ami fut surpris de ne rien trouver qui ressemblât à un jardin dans l’ancien goût, non plus qu’à un parc moderne ; des arbres fruitiers, plantés en ligne droite, des champs de légumes, de grands espaces couverts de plantes médicinales, et tout ce qu’on pouvait regarder comme utile, s’offrait à lui, d’un coup d’œil, dans une plaine doucement inclinée. Une place, ombragée de hauts tilleuls, s’étendait, comme l’imposant péristyle du remarquable édifice ; une longue allée, attenante, d’arbres de même taille et de même âge, offrait, pour toutes les heures du jour, un passage et une promenade. Wilhelm entra dans le château, et trouva les murs du vestibule décorés d’une façon toute particulière : de grandes peintures géographiques des quatre parties du monde frappèrent ses yeux ; les murs du large escalier offraient également des esquisses de différents royaumes. Introduit dans le grand salon, il se trouva environné de vues des villes les plus remarquables, bordées en haut et en bas par des peintures représentant les pays où elles sont situées, le tout disposé avec tant d’art, que les détails frappaient aisément les yeux, et que l’ensemble offrait néanmoins un remarquable enchaînement.

Le maître de la maison, petit vieillard plein de vivacité, souhaita la bienvenue à son hôte, et, sans autre préambule, lui demanda, en indiquant les peintures des murailles, si par hasard quelqu’une de ces villes lui était connue, et s’il y avait fait quelque séjour. Wilhelm put lui parler avec détail de plusieurs, et prouver que non-seulement il avait vu bon nombre de villes, mais qu’il avait su en observer l’état et les particularités.

Le maître, ayant sonné, donna l’ordre qu’on préparât un appartement pour les deux étrangers et qu’on les fît souper.