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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/545

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LES BONNES FEMMES.

« Que dites-vous de nouveau ? lui demanda Henriette à son approche.

— Vous aurez de la peine à le deviner, répondit Sinclair en tirant son portefeuille. Et, quand même je vous dirais que j’apporte ici les gravures pour l’Almanach des Dames de cette année, vous ne devineriez pas encore les sujets ; oui, quand j’irais même plus loin, et vous dirais que les douze divisions présentent des portraits de femmes.

— Il semble, dit Henriette en l’interrompant, que vous ne vouliez rien laisser à faire à notre perspicacité. Sauf erreur, vous le faites pour vous amuser à mes dépens, sachant que j’aime à deviner les charades et les énigmes, et à démêler, par mes questions, les pensées d’autrui. Ainsi, douze caractères de femmes, ou des aventures, ou des allusions, ou quelque chose enfin à l’honneur de notre sexe. »

Sinclair sourit sans mot dire. Amélie arrêta sur lui son regard tranquille, et dit, avec l’expression fine et moqueuse qui lui va si bien :

« Si je sais lire sur votre visage, vous avez dans votre poche quelque chose contre nous. Les hommes se savent très-bon gré, s’ils peuvent trouver matière à nous rabaisser, du moins en apparence.

Sinclair.

Vous voilà d’abord sérieuse, Amélie, et vous menacez de devenir amère. À peine oserai-je vous produire mes petites feuilles.

Henriette.

Voyons ! voyons !

Sinclair.

Ce sont des caricatures.

Henriette.

Je les aime singulièrement.

Sinclair.

Des portraits de méchantes femmes.

Henriette.

Tant mieux ! cela ne nous regarde pas. Nous nous mettrons aussi peu en peine de nos méchantes sœurs en peinture que dans le monde.