Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/79

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culier : du reste, l’un prend l’autre comme il est. Vous seule, chère tante, vous pourriez remplir cette tâche, car vous avez à la fois les lumières et l’indulgence. Hersilie, qui, vous le savez, s’échauffe aisément, m’a improvisé un tableau comique de toute la famille : je voudrais qu’il fût mis par écrit, pour vous arracher à vous-même un sourire au milieu de vos souffrances ; mais je ne voudrais pas l’envoyer à Lénardo. Mon avis serait de lui communiquer notre correspondance des trois dernières années. Qu’il la parcoure, s’il en a le courage ; sinon, qu’il vienne voir ce qu’il ne veut pas lire. Les lettres que vous m’avez écrites, ma chère tante, sont dans le meilleur ordre et toutes prêtes. Hersilie n’est pas de mon avis ; elle s’excuse sur le désordre de ses papiers, etc., etc., comme elle vous le dira elle-même.

Hersilie à la tante.

Je serai très-brève, et if le faut, chère tante, car le messager se montre impatient et de mauvaise humeur. Je trouve qu’il serait d’une bonhomie excessive et tout à fait déplacée, de communiquer nos lettres à Lénardo. Qu’a-t-il besoin de savoir le bien et le mal que nous avons pu dire de lui ? Pour conclure, du mal encore plus que du bien, que nous avons la faiblesse de l’aimer ! Tenez-le de court, je vous prie. Il y a quelque chose de circonspect et de téméraire dans cette demande, dans cette conduite, que l’on retrouve chez presque tous ces messieurs qui reviennent des pays étrangers. Ils regardent toujours ceux qui sont restés au logis comme des êtres incomplets. Excusez-vous sur votre migraine. Il viendra, n’en doutez pas. S’il tardait, attendons encore un peu. Alors peut-être s’avisera-t-il de s’introduire chez nous d’une façon mystérieuse et singulière, de nous observer sans se faire connaître, et que sais-je encore ce qui peut entrer dans le plan d’un homme si sage ? Voilà ce qui serait joli et surprenant ! Cela produirait toute sorte d’incidents, qui ne sauraient se développer, s’il fait dans sa famille une rentrée diplomatique, comme celle qu’il médite aujourd’hui.

Le messager ! le messager ! Donnez de meilleures habitudes à