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Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/89

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CHAPITRE VIII.

Leqnrl est le traître}

« Non, non ! s’écria-t-il, comme il entrait avec violence et précipitation dans la chambre à coucher qu’on lui avait destinée, et posait la chandelle sur la table : non, c’est impossible ! Mais à qui recourir ? C’est la première fois que je pense autrement que lui, la première fois que je sens, que je veux autre chose…. O mon père, si tu pouvais me voir sans être vu, lire jusqu’au fond de mon cœur, tu serais convaincu que je suis toujours le même, toujours.ton fils obéissant, fidèle et tendre…. Dire non ! Résister au vœu le plus cher, au vœu longtemps caressé, de mon père ! Comment le déclarer ? Comment dire : Je ne puis épouser Julie ?… » En le disant,je frémis. Et comment nie présenter devant lui, me découvrir à ce père tendre et chéri ? Il me regarde avec étonnement et il se tait, il secoue la tête : cet homme si savant et si sage ne trouve pas un mot h dire. Malheur à moi !… Oh ! je sais bien à qui je voudrais confier ma peine, ma perplexité ; qui je voudrais prendre pour intercesseur ! Toi seule, Lucinde ! Et je commencerais par te dire comme je t’aime, comme je m’abandonne à toi et te dis en suppliant : « Prends ma défense, et, si tu peux m’aimer, si tu veux « être à moi, prends notre défense à tous deux. »

Mais, pour expliquer ce court monologue, vraiment passionné, beaucoup de paroles nous seront nécessaires.

M. N…., professeur à N…., n’avait qu’un seul fils, qui était d’une beauté remarquable. Jusqu’à l’âge de huit ans, il l’avait abandonné aux soins de son excellente femme. qui consacrait les heures et les jours de l’enfant à le préparer pour la vie,