Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VIII.djvu/170

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pouvait du tout nous plaire, c’étaient les culottes courtes à la moderne, les bas de soie blancs et les souliers à la mode ; nous aurions souhaité des bottines, aussi dorées qu’on aurait voulu, des sandales ou quelque chose de pareil, pour voir au moins un costume un peu mieux assorti. Dans ses manières, le baron de Plotho se distingua encore ici de tous les autres. Il se montra vif et gai, et ne semblait pas avoir trop de respect pour la cérémonie : car le seigneur qui le précédait, homme un peu vieux, ayant eu quelque peine à se mettre en selle, et l’ayant fait attendre un moment à la grande entrée, il ne se défendit point de rire jusqu’au moment où l’on amena son cheval, qu’il enfourcha très-lestement, et nous l’admirâmes encore une fois, comme un digne envoyé de Frédéric.

Le rideau était retombé pour nous. J’avais bien cherché à pénétrer dans l’église, mais il y avait plus de gêne que de plaisir. Les électeurs s’étaient retirés dans le sanctuaire, où d’interminables cérémonies tenaient lieu d’une sérieuse délibération. Après une longue attente, après s’être longtemps foulé et poussé en tout sens, le peuple entendit enfin le nom de Joseph second, qui fut proclamé roi des Romains.

L’affluence des étrangers était toujours plus grande. Tous allaient, à pied ou en voiture, en habits de gala, en sorte qu’à la fin on ne trouvait plus dignes d’attention que les habits tout dorés. Déjà l’empereur et le roi étaient arrivés à Heusenstamm, château des comtes de Schœnborn, où l’on alla, suivant l’usage, les saluer et leur souhaiter la bienvenue. La ville célébra ce jour mémorable par les fêtes religieuses de tous les cultes, par des grand’messes et des sermons, et, pour le temporel, par une canonnade incessante, comme accompagnement du Te Deum.

Si l’on avait considéré toutes ces solennités, depuis le commencement jusqu’à ce jour, comme une œuvre d’art méditée, on aurait trouvé peu de chose à y reprendre. Tout était bien préparé. Les scènes publiques commençaient doucement et devenaient toujours plus significatives ; les hommes croissaient en nombre, les personnes en dignité, leur entourage et eux-mêmes en magnificence, et la progression était telle chaque jour, qu’à la fin un œil, même averti et préparé, s’en trouvait ébloui.

L’entrée de l’électeur de Mayence, que nous avons renoncé