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de remplir les vues de la Divinité, en ne négligeant pas, tout obligés que nous sommes d’un côté à nous renfermer dans notre moi, d’en sortir d’un autre côté par une activité régulière.




LIVRE IX.

« Il est souvent profitable à différentes vertus, surtout aux vertus sociales et relevées, que le cœur soit touché. Ainsi sont réveillés et développés en lui les sentiments tendres ; ainsi se gravent particulièrement beaucoup de traits qui révèlent au jeune lecteur les replis secrets du cœur humain et de ses passions : connaissance-plus précieuse que tout le grec et le latin du monde, et dans laquelle Ovide était un maître excellent. Mais ce n’est pourtant pas pour cela qu’on met dans les mains de la jeunesse les anciens poëtes et Ovide par conséquent. Nous avons reçu de la bonté du Créateur une multitude de facultés, auxquelles on ne doit pas négliger de donner dès les premières années la culture convenable, ce qu’on ne peut faire avec la logique, la métaphysique, le grec ou le latin. Nous avons une imagination, et, si nous ne voulons pas qu’elle s’empare des premières idées venues, nous devons lui présenter les images les plus convenables et les plus belles, et accoutumer ainsi le sentiment et l’exercer à reconnaître, à aimer le beau partout, et même dans la nature, sous ses traits déterminés, véritables, et aussi les plus délicats. Nous avons besoin, soit pour les sciences, soit pour la vie journalière, d’une foule de notions et de connaissances générales, qui ne peuvent s’apprendre dans un compendium. Il est avantageux de développer et de purifier nos sentiments, nos penchants, nos passions. »

Ce passage remarquable se lisait dans la Bibliothèque générale allemande, et il n’était pas le seul de ce genre. Plus d’une page exposait des principes semblables et des sentiments pareils. Ils produisaient sur nos jeunes esprits une très-grande impres-