une plus haute sphère, parce que je trouvai l’occasion d’acheter quelques beaux plâtres de têtes antiques. Les Italiens qui visitent les foires apportaient quelquefois de bons exemplaires, et consentaient à les vendre après en avoir pris l’empreinte. Je me formai de la sorte un petit musée, en réunissant peu à peu les tôles du Laocoon et de ses fils, de la fille de Niobé ; en achetant dans la succession d’un amateur les imitations en petit des plus célèbres ouvrages de l’antiquité, et je cherchais à ranimer ainsi autant que possible, la grande impression que j’avais reçue à Mannheim.
Tandis que je cherchais à cultiver, à nourrir et à entretenir tout ce que je pouvais avoir de talents, de goûts artistiques ou, en général d’inclinations, quelconques, je consacrais, selon le vœu de mon père, une bonne partie du jour à la pratique du droit, et j’en trouvai par hasard l’occasion la plus favorable. Après la mort de mon grand-père, mon oncle Textor était entré au Sénat, et il me remettait les petites affaires que j’étais en état de traiter, comme faisaient aussi les frères Schlosser. Je prenais connaissance des pièces ; mon père les lisait aussi avec beaucoup de plaisir, parce qu’il retrouvait, à l’occasion de son fils, une activité qui lui avait manqué longtemps. Nous en raisonnions ensemble, puis je rédigeais ensuite, avec une grande facilité, les mémoires nécessaires. Nous avions sous la main un excellent copiste, sur lequel on pouvait aussi se reposer entièrement pour toutes les formalités de chancellerie. Ce travail m’était d’autant plus agréable qu’il me mettait mieux avec mon père, qui, entièrement satisfait de ma conduite sur ce point, souffrait avec indulgence toutes mes autres occupations, attendant avec impatience le moment où je moissonnerais aussi de la gloire littéraire.
Or, comme, à chaque époque, tout s’enchaîne, parce que les opinions et les idées régnantes se ramifient de la manière la plus diverse, on suivait alors dans la jurisprudence les maximes selon lesquelles on traitait la religion et la morale. Parmi les avocats, comme plus jeunes, et plus tard parmi les juges, comme plus âgés, se répandit « l’humanisme. » Chacun à l’envi voulait absolument être humain, même dans les affaires juridiques. Les prisons furent améliorées, les crimes excusas, les peines