Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/203

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ment de la citadelle et de la redoute de Charles. Le 3, nouvel incendie dans la chapelle de Saint-Sébnstien ; les hôtels et les palais voisins sont la proie des flammes.

Dans la nuit du 13, l’hôtel de ville et plusieurs édifices publics sont consumés.

Le 14, armistice de part et d’autre : les Français célèbrent la fête de la Fédération, les Allemands la conquête de Condé. Chez nous, canonnade et fusillade ; chez les assiégés, fête théâtrale de la liberté.

Le 16 fut pour moi On jour d’alarmes: j’avais en perspective une nuit dangereuse pour mes meilleurs amis. Un des petits ouvrages avancés des ennemis, devant la redoute Welche, faisait parfaitement son office. C’était le plus grand obstacle à notre troisième parallèle, et il fallait l’enlever à tout prix. Avertis ou soupçonnant que les Français faisaient camper de la cavalerie derrière cet ouvrage et sous le canon de la place, on voulut prendre aussi des cavaliers pour cette sortie et cette surprise. Quelle grave entreprise c’était de lancer de la cavalerie hors de la tranchée, de la déployer devant le canon de la redoute et de la place, et de la faire caracoler dans la nuit sombre sur le glacis occupé par les ennemis, chacun pourra le comprendre. Pour moi, c’était un sujet de mortelles inquiétudes, de savoir que M. de Oppen, le meilleur ami que j’eusse dans le régiment, était commandé pour cette affaire. Il fallut se séparer à l’entrée de la nuit, et je courus à la redoute n» 4, d’où l’on découvrait assez bien les lieux. On put fort bien observer de loin que l’affaire était engagée et qu’elle était chaude, et il fallait prévoir que plus d’un brave n’en reviendrait pas. Cependant le matin nous apprit l’heureux.succès de l’attaque : on avait enlevé la redoute, on l’avait rasée, et l’on avait pris vis-à-vis une position si forte, que l’ennemi ne pouvait songer à rétablir l’ouvrage. Mon ami Oppen revint heureusement ; ceux qu’on eut à regretter ne me touchaient pas de près, mais nous plaignîmes le prince Louis, qui, combattant vaillamment à la tête des troupes, avait reçu une blessure grave, sinon dangereuse, et s’était vu forcé de quitter dans un pareil mo ment le champ de bataille.

Le 18 juillet, le commandant de la place fait des propositions