Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/210

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monde : qui franchit un mauvais pas en franchira mille. <. scampa d’un punlo scampa di mille.

Quand je fus revenu de mon expédition auprès de mon ami lierre, il s’écria, dans son baragouin anglo-français ! « Quelle mouche vous pique ? Vous vous êtes engagé dans une affaire qui pouvait mal finir. — Je m’en souciais peu, lui répondis-je. Ne trouvez-vous pas vous-même plus agréable que je vous aie maintenu la place netle devant la maison ? Quel coup d’œil, si tout cela était maintenant jonché de débris, qui fâcheraient tout le monde et ne profiteraient à personne ! Qu’importe après tout que cet homme soit possesseur injuste de tout ce qu’il a pu emmener à son aise ? »

Le défilé des Français continuait tranquillement sous notre fenêtre ; la multitude, qui n’y prenait plus d’intérêt, s’écoula. Qui le pouvait se frayait un passage pour se glisser dans la ville, retrouver les siens et ce qui pouvait lui rester de son bien, et en jouir ; mais ils étaient plus pressés encore par la fureur, bien pardonnable, de punir, d’anéantir (comme ils en proféraient parfois la menace) leurs ennemis mortels les clubistes.et les membres des comités.

Cependant mon bon Gorre ne pouvait admettre que j’eusse tant osé à mes risques pour un inconnu, peut-être criminel. Je lui faisais toujours considérer en badinant la place nette, et je finis par lui dire avec impatience : « Je suis ainsi fait, j’aime mieux corftmettre une injustice que de souffrir le désordre. »

Le 26, nous réussîmes, quelques amis et moi, à pénétrer à cheval dans la ville. Nous la trouvâmes dans un état déplorable. L’œuvre des siècles n’était plus qu’un amas de ruines, dans la plus belle situation du monde, où les richesses des provinces avaient afflué, où la religion s’était attachée àconsolider et augmenter les possessions de ses ministres. L’esprit était saisi d’un trouble douloureux, beaucoup plus triste que si l’on fût entré dans une ville réduite en cendres par une cause accidentelle.

La police étant désorganisée, aux décombres qui remplissaient les rues s’étaient ajoutées toute sorte d’immondices ; on remarquait les traces du pillage, suite d’hostilités intérieures. De