Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/295

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Nous donnâmes au théâtre Palxophron et Néoterpe, qui n’avait été d’abord qu’un divertissement pour la cour. Les acteurs jouèrent masqués. Nous avions déjà accoutumé le public à la chose avec les Frères, imités de Térence. Le 19 mars, nous donnâmes la Fiancée de Messine ; le 2 avril, la première partie de la Fille naturelle, puis la Putelle d’Orléans. Nous n’avions peut-être jamais travaillé d’une manière aussi vive, aussi opportune et aussi propre à satisfaire le public. Mais tout ce qui était malveillant, négatif, dénigrant, était absolument refusé et écarté. Au commencement de l’année, je reçus par un honorable ami une petite pièce intitulée le Crdnologue, qui versait le ridicule et le mépris sur les louables efforts d’un homme tel que Gall. Je la renvoyai avec le billet suivant :

« Nos anciennes relations d’amitié me font un devoir de vous dire pourquoi je vous renvoie cette jolie petite pièce, comme inadmissible chez nous. Soit par principe, soit à cause du voisinage de notre université, nous évitons autant que possible sur notre théâtre tout ce qui pourrait rabaisser aux yeux de la foule les recherches scientifiques. Il nous semblerait désobligeant de rendre ridicule et méprisable à Weimar ce qui occupe trèssérieusement les esprits à léna.

« Assez souvent les tentatives que fait la science pour dérober à la nature un secret peuvent offrir par elles-mêmes ou par la charlatanerie de l’homme un «ôté ridicule, et l’on ne peut trouver mauvais que le poète comique se permette en passant un petit coup de langue ; nous n’y mettons aucune pédanterie : mais nous avons évité soigneusement toute satire un peu étendue sur les questions philosophiques et littéraires, sur la nouvelle théorie médicale. Par la même raison nous ne voudrions pas livrer au ridicule la singulière doctrine de Gall, qui peutêtre ne manque pas plus de base que celle de Lavater, d’autant plus que nous pourrions affliger par là plusieurs de nos estimables auditeurs. »

Nous retournâmes à Lauerstaedt avec un répertoire plus riche. Nous donnâmes entre autres l’Andrienne de Térence, arrangée par M. Niemeyer. Il nous vint des spectateurs même de