Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/309

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Nous continuâmes à nous occuper de la mise en œuvre, selon notre habitude ; Schiller distribua les rôles comme il l’entendit ; nous dirigeâmes les répétitions, qui furent nombreuses et soignées ; nous ne fîmes pour les costumes et les décors qu’une dépense modérée, mais ils furent convenables et caractéristiques. En cela nos convictions étaient, comme toujours, d’accord avec nos ressources ; nous pensions qu’il fallait donner peu à l’extérieur, et, au contraire, élever autant que possible le côté moral et intellectuel. La pièce fut donnée le 17 mars, et cette représentation, comme les suivantes, et l’immense plaisir que fit cet ouvrage, furent la justification et la récompense des soins et de la peine qu’il nous avait coûtés.

D’accord avec Schiller sur la convenance de former peu à peu un répertoire à notre théâtre, j’essayai de remanier Goetz de Berlichingen, sans pouvoir atteindre mon but. La pièce était toujours trop longue ; elle ne se divisait pas commodément en deux parties, et l’enchaînement de la marche historique ne permettait pas que chaque scène, prise à part, eût son intérêt propre, comme le théâtre l’exige. Cependant le travail fut entrepris et achevé, et ce ne fut pas sans perte de temps et sans autres ennuis.

1805.

Ainsi donc nous commencions cette année avec les plus beaux projets et les meilleures espérances, et surtout nous nous entretenions souvent de Démètrius. Mais, comme nous étions souvent troublés dans nos occupations principales par des souffrances corporelles, Schiller poursuivait sa traduction de Phèdre et moi celle de Rameau, ce qui, sans exiger de nous la production, animait et récréait notre imagination par des œuvres étrangères et tout achevées.

Je fus sollicité et même obligé par mon travail de revenir à la littérature française, et, pour l’intelligence de ce petit livre singulier et hardi, je dus faire revivre en traits caractéristiques bien des noms complétement oubliés, du moins chez nous autres Allemands. Je dus aussi revenir aux études musicales, qui m’avaient occupé autrefois si agréablement, et que j’avais depuis longtemps laissées en oubli. Je remplis ainsi bien des heures que