minéralogie dans le plus bel ordre. Je m’occupai de physique, d’histoire naturelle ; je lus VHistoire des Mathématiques par Montluca. Je ne veux pas omettre, pour conclure, que la Carte botanique d’après Ventenat mit sous mes yeux et me rendit plus sensibles les rapports des familles. Elle était suspendue dans une grande salle du château d’Iéna, dont j’habitais le premier étage. Elle resta fixée au mur quand je quittai à la hâte l’appartement pour faire place au prince de Hohenlohe. Elle fut un sujet d’étude pour son état major, très-instruit, comme, plus tard, pour celui de Napoléon ; et je la retrouvai inaltérée, lorsqu’après tant de troubles et d’horreurs, je rentrai dans ma demeure autrefois si paisible.
Mes travaux pour le Traite des couleurs, dont je m’occupais depuis douze ans sans interruption, étaient si avancés que l’ensemble promettait de prendre bientôt de la consistance ; nous étions occupés de l’impression, quand le 14 octobre 1 vint nous frapper d’un coup terrible, et menaça de détruire sans remède les papiers sauvés à la hâte. Heureusement, nous sûmes nous relever avec vigueur, reprendre cette affaire comme les autres, et continuer avec une courageuse activité notre œuvre de chaque jour.
Mon attention, sans se porter sur un grand nombre d’œuvres poétiques étrangères, se fixa du moins avec intérêt sur quelques-unes. Le Cor merveilleux1, antique et lanlastique, fut apprécié comme il le méritait, et j’en rendis compte avec un vrai plaisir ; les poésies naturelles de Hiller, tout à fait actuelles et attachées à la réalité, furent, dans leur genre, favorablement jugées ; Aladin, par OElenschlaeger, ne fut pas moins bien reçu, quoique tout ne fût pas jugé bon, surtout dans la marche de la fable. Et quand je trouve que, parmi mes études de l’antiquité, se rencontrent les Perses d’Eschyle, il me semble que je fus poussé à cette lecture comme par un pressentiment de ce qui nous attendait.
Cependant les Nibclungen avaient inspiré un véritable intérêt national ; se les approprier, en faire une étude approfondie,
1. La bataille d’Iéna.
2. Recueil de légendes publié par Arium et Brentano.