Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/334

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égalait l’obligeance, prit beaucoup de part à nos observations géologiques. Des promenades entreprises dans ce but furent à la fois agréables et instructives ; c’était une diversion aux affaires du jour.

Un digne ecclésiastique, arrivé de Bavière, nous parla avec détail d’une institution pédagogique établie dans l’armée française. Les officiers et les sous-officiers tenaient, le dimanche, une sorte d’école pour instruire le soldat de ses devoirs, et lui donner l’instruction dont il avait besoin dans sa condition. On voyait que l’intention était de former des hommes habiles et sages, qui eussent confiance en eux-mêmes : mais il en fallait conclure que le grand esprit qui était à leur tête ne cessait pas de les dominer tous, et n’avait rien à craindre des raisonneurs.

L’angoisse et le péril s’accroissaient par la courageuse et forte volonté des vrais patriotes allemands, qui, dans le dessein sérieux, et nullement déguisé, d’organiser et de produire un soulèvement populaire, s’entretenaient avec passion des moyens d’agir ; en sorte que, déjà menacés par des orages lointains, nous voyions les nuages s’amonceler dans le plus proche voisinage. Cependant la Confédération du Rhin était formée, et il était facile d’en prévoir les suites : à notre reiour par Hof, nous apprîmes la dissolution de l’empire germanique.

Au milieu de ces conversations alarmantes, il s’en rencontrait pourtant de récréatives: le landgrave Charles de Hesse, toujours livré aux études profondes, aimait à discourir sur l’histoire primitive de l’humanité, et n’était pas éloigné de professer les opinions les plus élevées, mais on ne pouvait parvenir à suivre avec lui une marche logique.

Carlsbad semblait alors une terre de Gosen : l’Autriche était contrainte à une paix apparente avec la France, et du moins, en Bohême, on n’était pas à chaque instant tenu sur le qui-vivepar des marches et des contre-marches. Mais, à peine rentré chez soi, on vit l’orage s’avancer menaçant ; l’approche de troupes innombrables était la plus formelle déclaration de guerre.

Les Prussiens continuent de fortifier Erfourt ; notre prince se dispose aussi à partir comme général prussien. Il me serait difficile d’exposer les négociations épineuses auxquelles je me