Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome X.djvu/367

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furent pas oubliés. Le théâtre de Weitnar s’occupait toujours de Caldéron. Il donna la Grande Zénobie. Les trois premiers actes réussirent parfaitement ; les deux derniers, fondés sur un intérêt national de convention et temporaire, ne furent ni goûtés ni jugés, et, après cette dernière tentative, les applaudissements avec lesquels les autres pièces avaient été reçues cessèrent de se faire entendre.

Le monodrame de Proserpine, avec la musique d’Eberwein, fut représenté avec succès. Èpiménide fut composé pour Berlin. J’écrivis en société avec Peucer une petite pièce en souvenir de Schiller et d’Iffland. A cette époque, le théâtre de Weimar était arrivé à son apogée pour la pureté du débit, la force de la déclamation, le naturel et le goût de l’exposition. La mise en scène fut par degrés plus soignée ; les dames d’abord, puis les hommes, perfectionnèrent leurs costumes ; nous eûmes des décorateurs plus habiles.

Je n’avais pas cessé de travailler, principalement avec le concours de Schiller, à élever notre scène dans l’ensemble et dans les diverses parties, selon nos forces et nos moyens, et le résultat fut que, depuis nombre d’années, elle était considérée comme une des meilleures de l’Allemagne.

Il nous sera permis de passer du petit théâtre de planches à la grande scène du monde. Le retour de Napoléon effraya l’Europe. Nous eûmes à traverser cent jours gros d’événements. Les troupes, à peine éloignées, revinrent sur leurs pas. Je trouvai à Wiesbaden la garde prussienne. On appela les volontaires ; elles citoyens,paisiblement occupés, qui commençaient à peine à respirer, se résignèrent de nouveau à une position à laquelle ne répondaient pas leurs forces physiques, et qui n’était pas en harmonie avec leurs dispositions morales. Au grand effroi de tout le monde, la bataille de Waterloo fut annoncée à Wiesbaden comme perdue, et puis ce fut une explosion de joie délirante, quand on sut qu’elle était gagnée. Dans la crainte de voir les troupes françaises se répandre aussi vite qu’autrefois dans les provinces, les baigneurs faisaient déjà leurs paquets, et, remis de leur épouvante, ils se consolèrent bientôt des embarras inutiles que leur prévoyance s’était donnés.