Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/38

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a ajouté, en abondance, des aliments et des rafraîchissements. Or, je suis également disposé à remettre entre tes mains ces autres objets ; je remplirai mieux ainsi ma mission, car, ce que je distribuerais au hasard, tu le répartiras avec discernement. »

La jeune fille répondit :« Ces dons seront distribués en toute fidélité ; ils réjouiront les nécessiteux. »

Après ces paroles, je me hâtai d’ouvrir les caissons de la voiture ; j’en tirai les lourds jambons, les pains, les bouteilles de vin et de bière, et chaque chose lui fut remise. J’aurais voulu lui donner davantage, mais les coffres étaient vides. Elle entassa tout aux pieds de l’accouchée, et continua son chemin ; je repris à la hâte, avec mes chevaux, la route de la ville. »

Dès qu’Hermann eut fini, le pharmacien, toujours prêt à discourir, s’écria :

« Heureux celui qui, dans ces jours de fuite et de trouble, vit seul en sa maison, sans femme, sans enfants serrés contre lui par l’angoisse, et l’enlaçant de leurs bras tremblants ! Je sens à présent tout mon bonheur ; je ne voudrais pas, en ce temps, pour des trésors, porter le nom de père et avoir les soucis d’une famille. Souvent, aussi moi , je me suis vu, en imagination, obligé de fuir, et j’ai rassemblé mes meilleurs effets, le vieil argent,