Page:Goethe - Hermann et Dorothée, 1886, trad. Boré.djvu/45

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ver d’agrément dans leur compagnie, parce qu’elles avaient toujours à blâmer en moi quelque chose, et qu’il me fallait supporter leurs critiques. Tantôt ma redingote était beaucoup trop longue, ou le drap trop grossier, ou la couleur bien trop commune ; tantôt mes cheveux n’étaient pas taillés, pas frisés comme il faut. Je résolus, enfin, de m’attifer à la manière de ces jeunes commis de magasins que l’on voit toujours, le dimanche, dans leur maison, et qui se pavanent, en été, avec leur petit habit demi-soie ; mais je remarquai bientôt qu’elles me prenaient toujours pour sujet de leurs moqueries, et j’y fus sensible. Mon amour-propre était blessé ; cependant, j’étais peiné surtout de les voir méconnaître ma bonne volonté pour elles, spécialement Mina, la plus jeune. Ma dernière visite eut lieu à Pâques. Je portais, ce jour-là, l’habit neuf que je laisse désormais accroché, là-haut, dans l’armoire, et j’avais la même frisure que les autres. Elles ricanèrent à l’instant où j’entrai ; je ne pris pas, toutefois, la chose à mon adresse. Mina était au clavecin ; le père, assis près d’elle, et de la meilleure humeur, écoutait avec ravissement chanter sa fillette. Il y avait, dans les paroles, plusieurs passages que je ne comprenais pas ; mais, entendant souvent revenir les noms de Tamino et de Pamina, je ne voulus pourtant pas rester muet. Je demandai le texte, dès qu’elle eut