et l’on n’aperçut plus que ses bras qu’il élevait vers le Ciel comme pour implorer son secours. Le bateau était rempli de pièces d’artifice qu’on devait brûler sur l’eau, et le temps que l’on aurait mis à le décharger était plus que suffisant pour rendre certaine la mort du malheureux enfant. La résolution du Capitaine fut bientôt prise, il se dépouilla en hâte de son habit et se précipita dans l’étang.
Un long cri de surprise et d’admiration retentit dans la foule ; tous les yeux étaient fixés sur l’intrépide nageur qui, après avoir plongé plusieurs fois, reparut avec l’enfant. Il l’amena sur le rivage et le remit au chirurgien, car il ne donnait plus aucun signe de vie ; puis il demanda s’il ne manquait plus personne et fit faire à ce sujet une enquête sévère. En vain Charlotte le supplia de retourner au château et de s’y faire donner les soins nécessaires, il ne consentit à s’éloigner qu’après avoir acquis la certitude que tout le monde était sauvé ; le chirurgien le suivit avec l’enfant qui avait repris l’usage de ses sens.
A peine les eut-on perdus de vue que Charlotte se souvint que le thé, le sucre, le vin et les autres objets dont ils avaient besoin étaient enfermés sous clef, et que par conséquent sa présence et celle d’Ottilie étaient nécessaires au château. Pour y retourner il fallait passer sous les platanes, où elle vit son mari occupé à réunir et à retenir la société, en l’assurant que le feu d’artifice allait commencer. Elle le supplia de remettre un plaisir dont personne en ce moment n’était en état de profiter, et lui fit sentir qu’il serait inhumain de s’amuser avant de savoir qu’il n’y avait en effet plus rien à craindre pour le malheureux enfant et pour son généreux sauveur.