Page:Goethe - Les Affinités électives, Charpentier, 1844.djvu/237

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arrêtait sur l’avenir le plus près comme le plus éloigné, elle ne voyait partout que de nouvelles épreuves à subir.

Ce n’était pas sans intention que le Professeur venait de parler d’une compagne, d’une épouse enfin. Malgré sa modestie et sa réserve, il voulait laisser deviner à Ottilie le véritable motif de sa présence au château. Il avait été poussé à cette démarche décisive par un incident imprévu, et sans lequel peut-être il se serait toujours borné à espérer en secret.

La maîtresse de la pension déjà avancée en âge et sans enfants, cherchait depuis longtemps une personne digne de la remplacer un jour, et de devenir en même temps son héritière. Son choix s’était arrêté sur le professeur, mais il ne pouvait complètement répondre à ses espérances, qu’en se mariant avec une jeune personne capable de remplir les devoirs difficiles qui, dans un pareil établissement, ne peuvent être confiés qu’à une femme. Le cœur du professeur appartenait à son ancienne élève, des considérations de sang lui faisaient croire qu’on ne la lui accorderait pas, quand tout à coup un événement fortuit sembla lui prouver le contraire.

Déjà le mariage de Luciane l’avait autorisé à espérer le retour d’Ottilie à la pension, et les bruits qui circulaient sur l’amour du Baron pour la nièce de sa femme rendaient pour ainsi dire ce retour indispensable. Ce fut en ce moment que le Comte et la Baronne vinrent visiter le pensionnat. Dans toutes les phases de la vie sociale, l’apparition de quelque personnage important amène toujours de graves et subits changements.

Les nobles époux, que deux fois déjà nous avons vus au château de Charlotte, avaient été si souvent consultés