Après ce travail préliminaire, le Capitaine convertit plusieurs pièces de l’aile qu’il habitait, en bureau pour les affaires courantes, et en archives pour les affaires terminées. Au bout de quelques jours les documents qu’il avait trouvés dans les armoires, les cartons et les caisses, figuraient dans le plus bel ordre possible, sur des tablettes dont chacune avait sa destination. Un vieux secrétaire, dont le Baron avait toujours été fort mécontent, déploya tout à coup un zèle, et une activité infatigables. Ce changement l’étonna beaucoup ; son ami lui en expliqua la cause.
— Cet homme est utile maintenant, lui dit-il, parce que nous le laissons terminer commodément un travail avant de le charger d’un autre. Le désordre l’avait rendu incapable.
L’emploi régulier de leur journée permit aux deux amis de consacrer les soirées à Charlotte. Parfois ils trouvaient chez elle des voisines qui venaient lui rendre visite ; mais quand ils restaient seuls, leur conversation roulait toujours sur les réformes par lesquelles on pourrait augmenter le bien-être des classes moyennes.
En voyant son mari plus satisfait et plus gai qu’à l’ordinaire, Charlotte aussi se sentait heureuse. Au reste, le Capitaine ne négligeait rien pour lui être agréable dans ses arrangements domestiques. En commentant avec elle des livres de botanique et de médecine élémentaire, il l’avait mise à même de compléter sa pharmacie de ménage, et d’être plus efficacement utile aux pauvres malades de la contrée. Le voisinage des étangs et des rivières l’avait engagé à s’attacher spécialement aux mesures à prendre pour secourir les personnes tombées dans l’eau, sortes d’accidents qui n’arrivaient que trop souvent dans le pays. La prédilection