camarades se félicitaient mutuellement des prix qu’elles avaient obtenus.
Au nom du Ciel, lui dit-elle, apprenez-moi comment on peut avoir l’air si bête, quand on ne l’est pas.
— Pardonnez-moi, chère mère, répondit tranquillement Ottilie, j’ai en ce moment mon mal de tête, et même plus fort que jamais.
— Il est fâcheux que cela ne se voie pas, car on n’est pas obligé de vous croire sur parole, s’écria avec emportement cette femme que j’ai toujours vue si bonne et si compatissante ; puis elle s’éloigna avec dépit.
Malheureusement il est impossible en effet de s’apercevoir des souffrances d’Ottilie ; ses traits ne subissent aucune altération, on ne la voit pas même porter, parfois, la main sur le côté de la tète où elle souffre.
Ce n’est pas tout encore. Mademoiselle votre fille, naturellement vive et pétulante, exaltée par le sentiment de son triomphe, était ce jour-là d’une gaîté folle ; sautant et courant à travers la maison, elle montrait ses prix à tout venant, et finit par les passer assez rudement sous les yeux d’Ottilie.
— Tu as bien mal dirigé ton char aujourd’hui, lui dit-elle d’un air moqueur.
Sa cousine lui répondit avec calme que ce n’était pas la dernière distribution des prix.
— Et que t’importe ! tu n’en seras pas moins toujours la dernière, s’écria votre trop heureuse fille en s’éloignant d’un bond.
Tout autre que moi aurait pu croire qu’Ottilie était parfaitement indifférente, mais le sentiment vif et pénible contre lequel elle luttait se trahit à mes yeux par la couleur inégale de son visage. Je remarquai qu