Page:Goethe - Poésies, trad. Blaze, 1843.djvu/101

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« trésors. » Ainsi, dit le vieillard, le calme et la sérénité dans les yeux : « je vous annonce une loi d’amour. Reviens à toi, mon fils, l’étoile du bonheur se lève aujourd’hui, princesse, elle t’a donné du sang de prince ! » — Les enfants ont plaisir à l’entendre.





LA VIOLETTE.


Une violette était dans le pré, cachée en elle-même, ignorée, une amour de violette ! Voilà qu’une jeune bergère, le pied leste et le sens dispos, vient courir en chantant dans le pré.

Hélas ! pense alors la violette, si je pouvais être la plus belle fleur de la nature, hélas ! seulement un petit instant, le temps pour la mignonne de me cueillir et de me presser sur son sein, hélas ! seulement un petit quart d’heure ! Hélas ! mais hélas ! la fillette vint et sans y prendre garde foula sous son pied la pauvre violette. Elle chanta et mourut, et se réjouissait encore : je meurs, mais au moins je meurs par elle, par elle ! à ses pieds !





LE ROI DES AULNES.

Qui chevauche si tard par la pluie et le vent ? C’est le père avec son enfant. Il tient le petit serré dans ses bras, le presse et le garde à l’abri.

— Mon fils, pourquoi te cacher le visage ? — Père, ne vois-tu pas le roi des Aulnes ? le roi des Aulnes avec couronne et manteau ? — Mon fils, c’est une raie de nuages.

« Cher enfant, allons ! viens avec moi, nous jouerons