Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/172

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Albert est-il auprès de vous ? et comment ? Dieu me pardonne cette question !




8 février.

Voilà huit jours qu’il fait le temps le plus affreux, et je m’en réjouis : car, depuis que je suis ici, il n’a pas fait un beau jour qu’un importun ne soit venu me l’enlever ou me l’empoisonner. Au moins, puisqu’il pleut, vente, gèle et dégèle, il ne peut faire, me dis-je, plus mauvais à la maison que dehors, ni meilleur aux champs qu’à la ville ; et je suis content. Si le soleil levant promet une belle journée, je ne puis m’empêcher de m’écrier : Voilà donc encore une faveur du ciel qu’ils peuvent s’enlever ! Il n’est rien au monde qu’ils ne soient à eux-mêmes, la plupart par imbécillité, mais, à les entendre, dans les plus nobles intentions ; santé, estime de soi-même, joie, repos, ils se privent de tout comme à plaisir. Je serais quelquefois tenté de les prier à genoux d’avoir pitié d’eux-mêmes, et de ne pas se déchirer les entrailles avec tant de fureur.