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Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/235

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bien nulle part, et je suis bien partout… Je ne souhaite rien, ne désire rien. Il vaudrait mieux que je partisse. »

La résolution de sortir du monde s’était accrue et fortifiée dans l’âme de Werther au milieu de ces circonstances. Depuis son retour auprès de Charlotte, il avait toujours considéré la mort comme sa dernière perspective, et comme une ressource qui ne lui manquerait pas. Mais il s’était cependant promis de ne point s’y porter avec violence et précipitation, et de ne faire ce pas qu’avec la plus grande conviction et le plus grand calme.

Son incertitude, ses combats avec lui-même, paraissent dans quelques lignes qui sans doute commençaient une lettre à son ami ; le papier ne porte pas de date :

« Sa présence, sa destinée, l’intérêt qu’elle prend à mon sort, expriment encore les dernières larmes de mon cerveau calciné.

« Lever le rideau et passer derrière… voilà tout ! Pourquoi frémir ? pourquoi hésiter ? Est-ce parce qu’on ignore ce qu’il y a derrière ?… parce qu’on n’en revient point ?… et que c’est le propre de notre esprit de supposer que tout est confusion et ténèbres là où nous ne savons pas d’une manière certaine ce qu’il y a ? »

Il s’habitua de plus en plus à ces funestes idées, et chaque jour elles lui devinrent plus familières. Son projet