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Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/253

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les nuages se dissipent ; le soleil, en fuyant, éclaire la colline de ses derniers rayons ; la rivière coule toute rouge de la montagne dans la vallée. Doux est ton murmure, ô rivière ! mais plus douce est la voix d’Alpin, quand il fait entendre un chant funèbre. Sa tête est courbée par l’âge, et son œil creux est rouge de pleurs. Alpin, excellent chanteur, pourquoi, seul sur la silencieuse colline, gémis-tu comme un coup de vent dans la forêt, comme une vague sur un rivage lointain ?

ALPIN.

« Mes pleurs, Ryno, sont pour la mort ; ma voix est aux habitants de la tombe. Jeune homme, tu es svelte sur la colline, beau parmi les fils des bruyères ; mais tu tomberas comme Morar, et sur ton tombeau l’affligé viendra s’asseoir. Les collines t’oublieront. Ton arc est là, attaché à la muraille, détendu.

« Tu étais svelte, ô Morar ! comme un chevreuil sur la colline, terrible comme le météore qui brille la nuit au ciel. Ton courroux était un orage ; ton glaive dans le combat était comme l’éclair sur la bruyère ; ta voix, semblable au torrent de la forêt après la pluie, au tonnerre roulant sur les collines lointaines. Beaucoup tombaient devant ton bras ; la flamme de ta colère les consumait. Mais, quand tu revenais de la guerre, ta voix était paisible, ton visage semblable au soleil après l’orage, à la lune dans