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Page:Goethe - Werther, 1845, trad. Leroux.djvu/98

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les seules qui fussent restées. Ce rafraîchissement lui fit grand plaisir ; mais, à chaque quartier qu’elle offrait, par procédé, à une indiscrète voisine, je me sentais percer d’un coup de stylet.

À la troisième contredanse anglaise, nous étions le second couple. Comme nous descendions la colonne, et que, ravi, je dansais avec elle, enchaîné à son bras et à ses yeux, où brillait le plaisir le plus pur et le plus innocent, nous vînmes figurer devant une femme qui n’était pas de la première jeunesse, mais qui m’avait frappé par son aimable physionomie. Elle regarda Charlotte en souriant, la menaça du doigt, et prononça deux fois en passant le nom d’Albert d’un ton significatif.

« Quel est cet Albert, dis-je à Charlotte, s’il n’y a point d’indiscrétion à le demander ? » Elle allait me répondre, quand il fallut nous séparer pour faire la grande chaîne. En repassant devant elle, je crus remarquer une expression pensive sur son front.

« Pourquoi vous le cacherais-je ? me dit-elle en m’offrant la main pour ta promenade ; Albert est un galant homme auquel je suis promise. » Ce n’était point une nouvelle pour moi, puisque ces dames me l’avaient dit en chemin ; et pourtant cette idée me frappa comme une chose inattendue, lorsqu’il fallut l’appliquer à une personne que quelques instants avaient suffi pour me rendre si chère. Je me troublai, je brouillai les figures, tout fut dérangé ; il fallut que Charlotte me menât, en me tirant