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Page:Gogol - Le Revizor 1922.djvu/115

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LE REVIZOR 10/

tu es un homme simple... tu n'as jamais vu de gens bien...

Le préfet. — Mais, matouchka, je suis, moi, un homme bien... Non, c'est égal, quand on y réfléchit, nous en sommes des oiseaux, aujourd'hui, hein, Anna Andreevna ! Qu'en dis-tu, Anna Andreevna? Nous volons haut, que diable !... Et maintenant, attendez... je vais leur en flanquer à tous ces quémandeurs, dénonciateurs et porteurs de suppliques ! Eh ! quel- qu'un. (Entre un agent.) Ah ! c'est toi, Ivan Karpo- vitch. Appelle ici les marchands. Je m'en vais les brosser, les canailles ! Ah ! ils se sont plaints... Saleté juive, va, attendez, mes chéris... Je vous en donnais jusqu'aux moustaches, avant, je m'en vais vous servir jusqu'à la barbe, aujourd'hui... Tu m'inscriras tous ceux qui sont venus se plaindre et surtout les scribes, les scribes qui ont rédigé leurs requêtes... Et annonce-leur à tous que voilà... l'honneur que Dieu a bien voulu accorder au préfet... il marie sa fille, non pas à un homme quelconque, mais à quelqu'un comme le monde n'en a pas encore vu, qui peut tout, tout, tout ! Annonce-le à tous, que tous le sachent ! Crie-le partout, que les cloches le hurlent aussi, nom d'un chien !... La noce, c'est la noce ! (L'agent sort.) Hein, Anna Andreevna. Eh bien ! où veux-tu vivre mainte- nant, ici ou à Petrograd?

Anna Andreevna. — A Petrograd, naturellement. On ne peut rester ici...

Le préfet. — Soit, à Petrograd !... Oh ! tu sais, nous ne serions pas mal ici non plus... Alors, au diable, la préfecture, hein, Anna Andreevna?

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