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LE RÉVIZOR 6l

Khlestakof. — Parfaitement.

Anna Andrée vn a. — Je l'avais bien deviné...

Maria Antonovna. — Voyons, petite maman, c'est signé Zagoskine.

Anna Andreevna. — Ça n'a pas manqué... j'étais sûre que tu discuterais encore...

Khlestakof. — C'est la vérité... l'œuvre est de Zagoskine. Mais l'autre louri Miloslavski... car il y en a deux... est de moi.

Anna Andreevna. — Alors, c'est le vôtre que j'ai lu... Il est très bien écrit.

Khlestakof. — Je vous avouerai que je vis sur- tout grâce à mes livres... J'ai la plus belle maison de Petrograd. C'est connu : la maison d'Ivan Alexan- drovitch. (S* adressant à tous.) Je vous invite, mes- sieurs, si jamais vous venez à Petrograd... vous des- cendrez chez moi... Je donne aussi des bals.

Anna Andreevna. — Je me figure le goût, l'éclat de ces bals.

Khlestakof. — N'en parlez pas. Ainsi... sur la table, je mets toujours un arbouse, un arbouse de sept cents roubles. La soupe arrive dans sa casserole par bateau directement de Paris... Et quand on ouvre le couvercle, une vapeur en jaillit comme on n'en voit jamais sur terre... Tous les jours, des bals... on joue au whist... le ministre des Affaires étrangères... les ambas- sadeurs de France, d'Angleterre, d'Allemagne et moi... On finit par ne plus en pouvoir de fatigue... Je cours vite à mon quatrième étage et ai juste le temps de crier à ma cuisinière : « Eh ! Mavrouchka, mon par-

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