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Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/122

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tire sa tête de dessous les jambes de la vieille, et lui saute à son tour sur le dos. La vieille se mit à courir à tout petits pas, mais avec une rapidité si grande, que son cavalier pouvait à peine respirer. Le sol semblait fuir sous ses pieds. Tout était serein à la lueur imparfaite de la lune ; les plaines paraissaient unies, mais tout se confondait devant ses yeux, par la célérité de sa course. Il saisit au passage un bâton qui se trouvait par terre, et commença à battre la sorcière de toutes ses forces. Celle-ci se mit à pousser de longs gémissements, qui étaient d’abord menaçants et colères et qui, s’affaiblissant, devinrent de plus en plus doux, purs, agréables ; enfin ils retentissaient à peine comme de petites clochettes d’argent. Involontairement il se demanda à lui-même :

— Est-ce bien une vieille ?

— Oh ! je n’en puis plus, dit-elle d’une voix brisée par la souffrance ; et elle tomba sur la terre, immobile. —

Il s’arrêta près d’elle, et lui regarda dans les yeux. L’aurore commençait à poindre, et l’on voyait étinceler dans le lointain les coupoles dorées des églises de Kiew. C’était une belle jeune fille qui se trouvait couchée devant lui, avec de grands cheveux épars et des cils longs et droits comme des flèches. Elle était privée de connaissance, et avait rejeté de côté et d’autre ses bras