Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et s’adressant aux Cosaques, il leur dit d’une voix forte :

— Bonjour, camarades.

— Bonjour, seigneur philosophe, lui répondirent quelques-uns d’entre eux.

— Eh bien ! je dois donc aller avec vous ? Quelle belle kibitka ! poursuivit-il en grimpant sur le marchepied ; il n’y aurait qu’à louer des musiciens, car on pourrait danser là-dedans.

-— Oui, c’est un équipage bien proportionné, — répondit un des Cosaques en s’asseyant de travers, près du cocher dont la tête était enveloppée d’un torchon, à la place de son bonnet, qu’il avait déjà eu le temps de laisser en gage dans un cabaret.

Les cinq autres s’introduisirent dans les profondeurs de la kibitka, et s’assirent sur des sacs remplis de toutes sortes d’objets qu’ils avaient achetés dans la ville.

— Je serais curieux de savoir, dit le philosophe, si, par exemple, on chargeait cette kibitka de quelques marchandises, comme du sel ou du fer, combien il faudrait de chevaux pour la traîner.

— Oui, dit après un long silence le Cosaque qui s’était assis près du cocher, on aurait besoin d’un nombre de chevaux bien proportionné. —

Après une réponse aussi péremptoire, le Cosaque se crut en droit de se taire pendant toute la route.