Page:Gogol - Nouvelles choisies Hachette - Viardot, 1853.djvu/130

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— Ne le demande pas, disait le raisonneur d’une voix embarrassée ; que cela soit comme cela est. Dieu sait déjà tout ce qu’il faut ; Dieu sait tout.

— Non, non, disait Doroch, je veux savoir ce qu’il y a dans leurs livres ; peut-être qu’il y a tout à fait autre chose que chez le diacre.

— Ô mon Dieu, mon Dieu, répétait le raisonneur, pourquoi dire de pareilles choses ? C’est déjà la volonté de Dieu ; il est impossible de changer ce que Dieu a fait ; impossible.

— Je veux savoir tout ce qui est écrit ; je veux aller au séminaire ; je le veux, je le veux. Crois-tu que je n’apprendrai pas ? Je saurai tout, tout.

— Ô mon Dieu, mon Dieu, — dit le raisonneur ; et il laissa tomber sa tête sur la table, car il n’était plus en état de la tenir droite.

Les autres Cosaques parlaient des seigneurs et de la raison pourquoi il y a une lune au ciel.

En voyant cette disposition des esprits, le philosophe Thomas prit le parti d’en profiter pour s’enfuir. Il commença par s’adresser au vieux Cosaque qui se lamentait d’être sans père ni mère.

— Vois-tu, mon oncle, comme tu pleures ; et moi aussi je suis orphelin. Laissez-moi sortir, enfants ; qu’avez-vous besoin de moi ?

— Laissons-le sortir, dirent quelques-uns. C’est un orphelin ; qu’il aille où bon lui semble.

— Ô mon Dieu, mon Dieu, s’écria le consola-