d’écraser une taupe. Il voyait qu’après être sorti de ces bruyères, il n’aurait plus qu’à traverser un champ au delà duquel s’étendaient des broussailles touffues et épineuses, où il devait être en sûreté, et qui aboutissaient, suivant ses conjectures, à la route de Kiew. Il franchit le champ avec rapidité, et arriva bientôt dans les broussailles, qu’il traversa à grand’peine, en laissant à mainte épine un morceau de son caftan. Il se trouva tout à coup au milieu d’une clairière. Un saule à feuilles rondes croissait au milieu, abaissant ses branches jusqu’à terre, et une petite source étincelait dans l’herbe, fraîche et argentée. Le philosophe se coucha bien vite à plat ventre et but à longs traits, car il éprouvait une soif insupportable.
— Quelle bonne eau ! dit-il en s’essuyant les lèvres ; il ferait bon reposer ici.
— Non, continuons plutôt à courir ; peut-être s’est-on mis à notre poursuite. —
Ces mots retentirent sur sa tête. Il se releva brusquement. Iavtoukh était devant lui.
— Diable d’Iavtoukh ! se dit le philosophe tout en colère ; que j’aurais voulu te prendre par les pieds, et fracasser contre les arbres ta vilaine figure !
— Tu aurais pu t’épargner un si grand détour, continua tranquillement le Cosaque ; il valait mieux choisir le chemin par lequel je suis venu droit à